Décès de Charles Vandenhove

Décès de Charles Vandenhove, membre associé de la Classe des Arts de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, dont Daniel Dethier assure la Présidence pour les deux prochaines années.

Né le 3 juillet 1927 à Teuven, Charles Vandenhove est décédé le 22 janvier 2019, à Liège.
C’est à l’Ecole Saint-Luc de Liège, en 1945 que Charles Vandenhove entame sa formation. Dès ce moment, il se lie d’amitié avec Lucien Kroll. Tous deux continuent leur cursus académique jusqu’en 1951, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bruxelles, La Cambre. Vandenhove choisit de s’inscrire dans l’atelier de Victor Bourgeois. Ce sont des années d’émulation avec la rencontre de personnalités comme Max Bill et Henry van de Velde en Suisse ou encore Le Corbusier à Paris. Dès la fin des études, les deux jeunes architectes s’associent jusqu’en 1958. Charles Vandenhove fonde alors son propre bureau et décroche ses premières commandes publiques. Dans l’enchaînement des projets se dessine une cohérence de formes mais aussi d’attitudes.

L’architecte liégeois figure parmi ces créateurs qui ont su assimiler les caractères du mouvement moderne, non pas pour les actualiser par un vocabulaire remis au goût du jour mais pour bien pour les transcender. Ses grands chantiers des années 1960 (INICHAR, le Country Hall du Sart Tilman, la Maison des Etudiants Lucien Brull, Institut d’Education Physique …) montrent le sens et la qualité de ses recherches axées sur des valeurs de monumentalité, de force, de dépouillement, de simplicité et de sobriété. A cette époque sont également conçus des logements privés comme la Maison Repriels à Nessonvaux ou la propre demeure de Charles Vandenhove, à Liège qui peut être considérée comme un véritable manifeste de ce qui est alors sa conception de l’art de bâtir.

Dans les années 1970, Charles Vandenhove donne une inflexion à ses reherches. Ses réalisations d’alors montrent avec force la charge prospective de ses études. Les habitations qu’il dessine témoignent notamment d’emprunts à l’architecture classique. On peut penser à la Maison Dufays, à la Maison Wuidar ou encore à la Maison Delforge. Mais surtout, il travaille sur le CHU du Sart Tilman commandé au milieu des années 60 et que la plupart des commentateurs considèrent comme son œuvre majeure. A la fin de la décennie, Vandenhove se concentre également sur deux projets essentiels : la transformation (1979-1981) de l’Hôtel Torrentius, à Liège et une rénovation dans le quartier de Hors-Château achevée en 1985 qui peuvent être mis en relation avec toutes une série de projets (Salon Royal du Théâtre de la Monnaie, le pavillon du parc du Middelheim …). Il faut aussi relever la reconnaissance internationale que connaît alors Charles Vandenhove. A partir des années 1980, il travaille à quelques exceptions près en dehors de Belgique. A Paris, il construit le Théâtre des Abesses. Mais c’est surtout aux Pays-Bas qu’il est sollicité : entre 1990 et 2010, c’est plus de 20 projets, tant publics que privés qui lui sont commandés un peu partout dans le pays.

Charles Vandenhove s’est toujours mobilisé pour l’intégration des arts plastiques à l’architecture. Pierre Chabard et Eriz Mézil ont publié sur cette question des ouvrages qui en donnent une vision exhaustive. Parmi les différents bâtiments qui intègrent des œuvres, on peut épingler le palais de justice de s’Hertogenbosch achevé en 1998 : Vandenhove a installé, dans les salles d’audience, des tapisseries dont les cartons ont été confiés à 9 artistes dont Jan Dibbets, Marlène Dumas, Ludwig Gerdes, Luc Tuymans, Jeff Wall…

Les dernières réalisations de Charles Vandenhove attestent encore de sa volonté de recherche, d’innovation. Sans cesse, elle aura, pendant plus de 60 ans, fait évoluer son langage architectural. Déjà au début des années 2000, sa manière « classique » laisse place à des nouvelles expressions. Il se détourne des quelques principes qui avaient pu apparaître fondamentaux, en particulier la mise en valeur des éléments structurels et le recours à une ornementation historiciste. C’est Bart Verschaffel qui avance le concept de « compositions volumétriques » et reconnaît la tour du Balloir comme un prototype. Il y a une simplification et un développement de formes strictes qui se retrouvent dans les études des 15 dernières années. Aussi bien dans des projets de logement privé comme la Maison Esther que d’immeubles communautaires comme la Maison Céramique à Maastricht, la Maison Sans Logis ou les Terrasses de Saint-Gilles achevées en 2014, sur les hauteurs de Liège.

Photo et © Dominique Houcmant : https://www.facebook.com/dominiquehoucmant/